«Vie de Rossini» par M. de Stendhal. Chronique parisienne, 1821-1823
BS 2
Suzel ESQUIER
«Vie de Rossini» par M. de Stendhal. Chronique parisienne, 1821-1823
Biblioteca Stendhal «Studi»
232 p., XII tav. a colori, ill.
ISBN 88-7760-402-1
27.00 €
Moins de dix ans après les Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, Stendhal publie la Vie de Rossini. Le livre connut immédiatement un succès considérable, qui s'explique par la gioire dont jouissait alors le musicien. Jeune encore (il était âgé de trente-deux ans), Rossini était déjà une figure quasi mythique. Sa précocité, son étonnante fécondité et son aptitude au renouvellement avaient fasciné l'Italie; au cours de la décennie qui venait de s'écouler, le compositeur avait créé pas moins de trente-trois opéras. Maintenant que l'ltalie était saturée de sa musique, il imposait son répertoire dans toutes les capitales européennes. Il était véritablement le «Napoléon de la musique».
L'actualité du propos explique le succès de l'ouvrage de Stendhal. Or, ce succès contraste fortement avec la réception qui lui fut réservée à l'époque moderne. Le livre pose en effet au lecteur d'aujourd'hui toutes sortes d'énigmes.
Selon les déclarations de l'auteur dans sa Préface, la Vie de Rossini serait issue de l'expérience italienne. Mais cette référence fabuleuse à la vie musicale italienne se trouve constamment confrontée dans le texte à l'actualité arti tique parisienne.
Selon les déclarations de I'auteur, il s'agirait d'un ouvrage collectif, péniblement élaboré à partir d'articles parus dans des «journaux allemands et italiens», de témoignages obtenus au prix de bien des lettres et discussions que le narrateur aurait échangées avec des mélomanes avertis. Cependant, en même temps qu'il affirme, au fil du texte, le caractère collectif de l'ouvrage, Stendhal suit une démarche diamétralernent opposée et profondément égotiste: par exemple lorsqu'il affirme la subjectivité du goût.
Ouvrage inclassable, la Vie de Rossini répond peu à l'intention déclarée: écrire la biographie du plus célèbre des musiciens contemporains; elle obéit davantage à une intention cachée: écrire au présent la chronique de la vie musicale parisienne.
La Vie de Rossini ne traite donc pas seulement de l' œuvre du musicien éponyme. Elle mérite d'être déchiffrée comme une chronique passionnée du Théâtre Italien à une époque donnée (21 juin 1821-18 octobre 1823), de ses créations, des reprises, des succès, des échecs ... D'autre part, en regard de ce qui incarne la nouveauté en musique et un modèle valable pour tous les arts, il est possible de déchiffrer une chronique acerbe, violente, des scènes parisiennes qui perpétuent – selon Stendhal – la tradition, voire la réaction, bref, un art caduc qu'il s'agit de détrôner.
Introduction – Premiere Partie – Genèse de la Vie de Rossini. L'article de la «Paris Monthly Review» et sa réception dans la presse anglaise, française et italienne – Deuxieme Partie – La Vie de Rossini, chronique du Théâtre Italien de Paris – Chapitre premier. Un observateur sévère – Chapitre deuxième. Un portrait-charge de madame Fodor – Chapitre troisième. A la gloire de la Pasta – Troisieme Partie – La Vie de Rossini, écho des scènes «françaises». Des répertoires «usés»; l'urlo francese; la question musicale: un débat romantique – Conclusion – La Vie de Rossini dans la vie et l'oeuvre de Stendhal – Notes – Bibliographie – Index Des Noms.