Histoire et fiction dans les
BS 4
Yvon HOUSSAIS
Histoire et fiction dans les
Biblioteca Stendhal «Studi»
280 p.
ISBN 88-7760-404-8
26.00 €
Les Chroniques italiennes ont ceci de particulier qu'avant même d'avoir commencé à lire, le malheureux lecteur se fourvoie déjà dans un jeu de dupes. En effet, le titre «Chroniques italiennes» prédéfinit les textes en les inscrivant dans une forme, la chronique, et une origine qui est aussi une thématique, l'Italie, donnant ainsi une forte impression d'homogénéité à ce qui se présente explicitement comme un recueil de textes. Or, la forme même du recueil amène toujours à chercher des liens, des passerelles d'un récit à l'autre, à percevoir l'assemblage de textes comme réfléchi, cohérent et non pas relevant du hasard ou de l'arbitraire.
L'Histoire, pour Stendhal, devient effet d'histoire, s'inscrit dans une stratégie de persuasion dont le lecteur est la cible. Qu'il s'agisse du discours du narrateur principal, dans le texte ou en périphérie, ou des procédés d'imitation visant à produire un effet de chronique, l'objectif essentiel semble être d'inscrire le récit dans une relation de transparence à un texte fondateur, la chronique italienne.
Supercherie certes, mais supercherie particulièrement féconde.
Sur le plan formel tout d'abord, tout en revendiquant la fidélité à la chronique, Stendhal va pratiquer une narration autre, toute de sobriété et de retenue, aux ressorts dramatiques puissants, parce que s'appuyant sur des personnages phares, susceptibles de monopoliser d'emblée l'attention du lecteur.
D'autre part, si les Chroniques italiennes se contentaient de faire passer le faux pour le vrai, l'imaginaire pour le réel, elles relèveraient d'un jeu de faussaire devenu bien banal dans la littérature et qui fait partie de l'essence même du roman historique. L'originalité du texte stendhalien provient au contraire de ce que, s'inscrivant entre Histoire et Littérature, non seulement il subvertit la frontière entre les deux champs, mais il sape leur fondement, interroge leurs limites, met en évidence les mensonges et de l'historien et du romancier.
Introduction – Première partie. Une esthétique de la transparence – La vérité historique contre le mensonge littéraire – Les artifices de la narration – Une écriture en trompe d'œil – Deuxième partie. A la recherche d'une écriture – Les insuffisances de la chronique – Vers la nouvelle – L'amour contre le pouvoir: une structure dramatique récurrente – Un temps historique au temps dramatique – De l'espace historique à l'espace symbolique – Troisième partie. L'Histoire au service de la fiction – Stendhal et l'histoire: respect ou ironie? – La représentation de l'histoire – Il: Histoire et dramatisation – Conclusion – Bibliographie.